Aujourd’hui, on te dit tout sur l’utérus – antéversé, ou non ! Parce que bien comprendre son corps, c’est important, et que l’utérus joue un rôle capital dans le cycle menstruel et les règles, mais pas seulement !
Petit rappel : l’utérus… et le reste
Les personnes qui naissent avec un système reproducteur dit féminin ont en général une vulve (la partie extérieure, avec les petites et les grandes lèvres) ; un utérus, relié aux ovaires par deux trompes de Fallope ; et un vagin (un canal qui relie le col de l’utérus à la vulve).
Et à l’extérieur (et aussi à l’intérieur, car en plus du petit gland protégé par un capuchon, il possède des « bras » qui entourent l’ouverture du vagin), il y a aussi le clitoris. Il ne prend pas part à la reproduction, mais il est extrêmement sensible et joue un rôle capital dans le plaisir sexuel, donc on s’est dit qu’il était important de le mentionner !
L’utérus en détails !
Soyons techniques. Peut-être que ces notions ne te seront pas utiles tous les jours, mais on ne sait jamais ! Dans l’utérus, il y a…
- le col de l’utérus. C’est la partie basse et resserrée qui ferme l’utérus. Le col est la « frontière » entre utérus et vagin. Tu peux même le voir chez toi, avec une petite lampe de poche, un miroir (et un peu de souplesse)
- le myomètre : c’est le nom que l’on donne aux parois musculeuses de l’utérus, et ce sont elles qui permettent à l’utérus de se contracter pour expulser le sang lors des menstruations. Ou un bébé au moment de l’accouchement !
- la cavité utérine : c’est la « poche » qui accueille le fœ Bien sûr, en cas de grossesse, cette poche s’élargit. Elle fait en moyenne 7 cm de largeur, mais elle peut atteindre jusqu’à 35 cm de hauteur à la fin de la grossesse
- l’endomètre : c’est la muqueuse qui tapisse les parois de l’utérus et qui se gorge de sang au moment de l’ovulation – c’est aussi cela que le corps expulse au moment des règles
Qu’est-ce qu’un utérus « antéversé » ?
Tu as entendu le terme « utérus antéversé » et tu te demandes ce que c’est ? Rien de mystérieux : « antéversé » est un terme qui décrit la position de l’utérus. Chez la majorité des gens, l’utérus est basculé vers l’avant. Situé entre la vessie et le rectum, il n’est pas vraiment vertical, comme on le voit sur les schémas en deux dimensions, mais plutôt « de biais » : le haut de l’utérus se rapproche du ventre, et c’est tout à fait normal. « Normal », dans le sens où c’est le cas la majorité du temps. Car quand on parle du corps humain, il y a tellement de variations que le mot « norme » ne veut pas dire grand-chose !
Mais alors, c’est quoi le contraire d’un utérus antéversé ?
Le contraire d’un utérus antéversé, c’est un utérus rétroversé.
Cela signifie simplement que l’utérus est dans la position inverse : au lieu d’être tourné vers l’avant (vers le ventre), il est tourné vers l’arrière (vers le dos). En fait, il est « basculé » vers l’arrière et repose sur le rectum plutôt que sur la vessie. Cela concerne 10% à 20% des femmes et on le découvre souvent lors d’un examen gynécologique. Cela ne pose pas de problème pour vivre ! C’est une variation anatomique fréquente, qui n’est pas grave en soi. Par ailleurs, l’utérus rétroversé ne serait pas héréditaire, mais seulement un hasard.
Un utérus rétroversé (ou rétrofléchi) peut cependant entraîner certains symptômes :
- des douleurs au moment des rapports sexuels, si ceux-ci incluent une pénétration vaginale (les douleurs lors de la pénétration sont appelées « dyspareunie»),
- des règles douloureuses, avec des douleurs dans le bas du dos (on parle aussi de « dysménorrhées»),
- des douleurs au moment d’aller à la selle, et/ ou de la constipation.
Cela n’empêche pas d’utiliser un tampon ou une coupe menstruelle, ni un protège-lingerie, une serviette menstruelle ou une culotte menstruelle, bien sûr. Un utérus rétroversé (ou rétrofléchi) peut aussi être associé à un fibrome (une tumeur bénigne[1]), ou un polype, mais surtout chez les femmes de plus de 40 ans[2]. L’utérus rétroversé peut aussi être lié à l’endométriose.
On peut aussi avoir un utérus « bicorne », « unicorne », ou encore « cloisonné ». L’anatomie varie ! Et cela ne signifie pas forcément que tu es en mauvais santé ou que tu vas avoir des problèmes gynécologiques. Mais, histoire de vraiment en apprendre le maximum sur l’utérus aujourd’hui, parlons de ces variations.
Utérus bicorne
D’ordinaire, l’utérus ressemble à un triangle (pointe en bas). Dans le cas d’un utérus bicorne, il ressemble davantage à un cœur. Il s’agit d’une malformation qui advient chez 2% de la population environ[3]. Elle n’a généralement pas de symptômes particuliers, même si elle peut entraîner chez certaines femmes des douleurs dans le bas-ventre et un inconfort durant la pénétration vaginale. Il peut aussi y avoir des difficultés à tomber enceinte et à mener une grossesse à terme[4], mais ce n’est pas forcément le cas.
Utérus unicorne
Il est très rare ! 1 femme sur 4 000 environ en France a un utérus unicorne. Un utérus unicorne n’est relié qu’à une seule trompe de Fallope, au lieu de deux. Or, les règles sont déclenchées chaque mois par un ovaire différent (un côté, puis l’autre, et rebelote). Donc, un mois sur deux, il n’y a pas d’ovule. C’est pour cela que les chances de tomber enceinte sont moins élevées. Mais même s’il rend la fécondation plus compliquée, il est tout à fait possible de tomber enceinte et de mener une grossesse à terme avec un utérus unicorne[5]. Il est aussi plus petit et plus allongé qu’un utérus « normal ».
Utérus cloisonné
L’utérus cloisonné est une malformation très fréquente : il constitue 30% à 50% des malformations utérines[6]. Alors que l’utérus se forme pendant que le bébé est en train de se développer dans le ventre de sa mère, une cloison supposée se résorber ne se résorbe pas. Elle peut aller du fond de l’utérus jusqu’à l’orifice externe du col, ou bien être partielle seulement[7]. Et l’utérus reste « cloisonné ». Un utérus cloisonné peut se traiter simplement par une opération chirurgicale. Mais il arrive que l’on s’en rende compte au moment où la personne accouche ! C’est donc qu’un utérus cloisonné n’empêche pas la grossesse, même s’il peut augmenter le risque de fausse-couche[8].
Comment savoir si j’ai utérus antéversé ?
Comment peut-on savoir la forme de son utérus ? Bonne question. Même si on peut s’examiner soi-même et apercevoir le col de l’utérus, pour bien comprendre sa position et son axe il n’y a pas d’autre solution qu’une échographie, ou qu’un examen gynécologique pratiqué par un ou une professionnel.le.
Comme l’utérus antéversé n’est pas un problème, mais justement la « norme », on ne cherche pas à prouver que c’est bien sa position. En général, on te le confirmera simplement si on a procédé à une échographie ou un examen gynécologique poussé pour une autre raison. Si tu as consulté pour des douleurs dans le bas-ventre ou des difficultés à tomber enceinte, par exemple, la position de l’utérus fait partie des informations que l’on te communiquera lors du bilan de ces examens. Mais il y a d’autres facteurs qui peuvent entraîner des douleurs au ventre : une maladie chronique comme l’endométriose, par exemple ; une FIV ou un SOPK.
On pourra aussi te donner cette information si tu te fais poser un stérilet sans hormone ou un stérilet hormonal. Mais certaines personnes passent toute leur vie sans problème particulier lié à leur cycle menstruel et sans se poser la question de savoir si leur utérus est antéversé ou rétroversé ! Et arrivent tranquillement à la ménopause (quand les cycles menstruels sont terminés, qu’il n’y a plus de règles).
Utérus, vagin : prends-en soin !
La santé sexuelle fait partie de la santé tout court. Au moment de l’adolescence, quand ton corps change beaucoup, ou juste après quand les choses se calment et que tu commences à t’habituer à ce nouveau corps, et à ton cycle menstruel (qui peut être irrégulier) consulter un ou une médecin (ou gynécologue) peut être une bonne idée. Il y a aussi les sage-femmes, qui assurent le suivi gynécologique. Un premier examen gynéco n’inclut pas forcément de se mettre fesses nues sur une table d’examen. Si tu n’as pas de douleurs de règles particulières, il peut simplement s’agir d’un moment de dialogue, où justement on t’expliquera comment le cycle menstruel fonctionne, où on te rassurera, où on fera un point sur ta santé au global.
Tu pourras alors poser toutes les questions que tu n’oses pas forcément poser ! Sur la contraception, en premier lieu. Mais aussi sur les pertes vaginales ; ou si tu as des règles très abondantes (« ménorragies »).
Si tu le souhaites, c’est aussi l’occasion de poser des questions sur les protections menstruelles. Par exemple, on peut avoir peur qu’utiliser un tampon puisse déflorer (casser l’hymen), alors que ça n’est pas le cas (et que la « première fois » ne signifie pas du tout forcément « du sang » !). Ou que les serviettes menstruelles ne soient pas hygiéniques (alors que le sang n’est pas sale en soi !). Bref, si tu te poses des questions sur ton corps, cela peut être utile.
[1] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/fibrome-uterin/definition-apparition
[2]https://ivi-fertilite.fr/blog/uterus-retroverse-symptomes-traitements/
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ut%C3%A9rus_bicorne
[4] https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-anatomie-et-examens/2536502-uterus-bicorne-unicervical-bicervical-definition-consequences-operation-grossesse/
[5] https://www.magicmaman.com/,uterus-unicorne-ce-qu-il-faut-savoir-quand-on-envisage-une-grossesse,3281589.asp
[6] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4760728/
[7] https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2008/revue-medicale-suisse-176/les-malformations-uterines-diagnostic-pronostic-et-prise-en-charge-en-2008
[8] https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2008/revue-medicale-suisse-176/les-malformations-uterines-diagnostic-pronostic-et-prise-en-charge-en-2008